Nous nous sommes souvent interrogés, au sein du collectif « Idenat » et nous ne nous cessons de nous interroger, sur ce qui fait notre singularité. Les premiers éléments de réponse apparaitront quand nous aurons rappelé que nous sommes les dépositaires de deux héritages.
L’héritage de la naturothérapie
Le premier héritage, c’est d’abord un nom, la Naturothérapie, que nous avons conservé par fidélité (terme déposé auprès de lINPI et régulièrement renouvelé depuis 1981). Plus qu’un nom, c’est surtout cette trame méthodologique, peaufinée au cours des années 80, par une équipe de pionniers emmenés principalement par René Féjan, psychologue, et André Passebecq, hygiéniste. Sans l’aide bienveillante du professeur Cornillot, doyen de la faculté de médecine de Bobigny, l’aventure du Dumenat (le Diplôme de Médecine Naturelle était réservé aux professionnels de santé) n’aurait jamais pu démarrer.
Il est important, pour soigner, de pouvoir s’appuyer sur une méthodologie à la fois souple et rigoureuse, la plus claire possible. C’est ce qui semble souvent manquer quand on démarre dans la profession. Nous insisterons, au cours de ce cursus (3 ans c’est vite passer) sur l’idée que la Naturothérapie, ce n’est pas seulement un empilage de recettes. Saurons-nous un jour pourquoi ce nom de baptème, la « Naturothérapie » a été choisi ? Pour se démarquer des Naturopathes non médecins ? Les géniteurs du Dumenat ne sont plus là hélas pour témoigner.
L’héritage de la naturopathie
Le second héritage c’est précisément celui de la naturopathie qui nous a été légué par quelques grands noms de la discipline. Nous les avons croisés, côtoyés : d’abord André Passebecq, déjà cité, pilier du Dumenat, P.V. Marchesseau qui a permis à la naturopathie de survivre à une difficile traversée du désert, puis les Désiré Mérien, Robert Masson, André Roux et ses fils…. lesquels ont formé ensuite des générations de naturopathes.
Nous ne pouvons pas tous les citer, au risque d’en oublier, mais nous les retrouvons aujourd’hui à la tête d’écoles prestigieuses, ou d’associations ou encore de médias modernes. Même si certains pans de cette naturopathie dite « historique » sont parfois quelque peu datés, dans leur forme ou leur contenu, elle constitue néanmoins un véritable trésor et nous en avons fait un des socles de notre enseignement.
Naturopathe ou Naturothérapeute, un débat stérile
En fait, indépendamment du savoir et de la compétence des uns et des autres, en dehors de la méthodologie utilisée, lorsque, par facilité, nous« rangeons» les naturopathes -non médecins d’un côté et les naturothérapeutes -professionnels de santé de l’autre, nous sentons bien que l’un des enjeux, et non le moindre, qui surgit de cette classification est celui du statut et de la reconnaissance. Nous ne parlerons pas des débats qui peuvent s’ensuivre. Débats passionnés certes mais énergivores, clivants, au final stériles, donc inutiles.
Le concept du Médecin & Naturothérapeute & Naturopathe & Hygiéniste
Pour ma part j’ai choisi et je prends le risque de forger un nouveau concept, celui de Médecin & Naturothérapeute & Naturopathe & Hygiéniste. Chacun peut faire la même chose, quelle que ce soit sa profession initiale, qu’il soit pharmacien, chirurgien-dentiste, kinésithérapeute, ostéopathe, infirmière, sage-femme….P.V. Marchesseau avait coutume de dire, en substance : « nous devrions être tous naturopathes, mère de famille et naturopathe, instituteur et naturopathe, facteur et naturopathe, médecin et naturopathe. En fait les principaux facteurs limitants sont les formations suivies (souvent multiples) et ce que la loi nous autorise à faire. Suivant les circonstances, nous pouvons donc être, en conscience, l’un et/ou l’autre. Ce n’est pas toujours simple (parfois nous mettons à jour une incompatibilité qu’il faudra alors contourner voire « négocier ») mais c’est possible. L’essentiel n’est-il pas de savoir pourquoi nous effectuons un acte ?
L’identité Idenat
Parallèlement, au cours de notre propos, a émergé un autre sujet de réflexion, celui de l’identité. Qu’est-ce qui fait la singularité de notre école de formation naturopathie & naturothérapie au sein de la mosaïque des écoles « naturo » ?
Notre identité première est Idenat, avec sa date de naissance et son histoire. Idenat est notre substantif, mais nous pouvons lui accoler plusieurs adjectifs, plusieurs caractères, d’importance variable suivant les circonstances, liés par exemple au programme, à la façon d’aborder tel ou sujet ou à la composition du collectif enseignant. L’un et l’autre en effet n’ont cessé d’évoluer au fil des années. Idenat est Un mais en même temps il est multiple.
Ce que nous esquissons là pour notre école, il est encore plus facile de l’appliquer aux individus. Nous avons tous des identités multiples et c’est heureux. Par exemple, nous pouvons nous sentir liés à notre village natal, à notre famille, à notre ethnie, notre religion (la liste pourrait être interminable), et en même temps nous considérer comme citoyen du monde. Suivant les circonstances et les moments, l’une ou l’autre de ces identités prédominera.
A travers notre identité (à la fois une et plurielle), c’est le thème général de la complexité qui émerge et qui va infuser lui aussi dans tous nos enseignements (plus particulièrement dans les cours de « Sémantique Générale » ou de Systémique).
A suivre.
Docteur Alain Guyon
Médecin & Naturothérapeute & Naturopathe & Hygiéniste.